4. Conclusion et anecdotes


Ce n'est pas vraiment une conclusion, mais c'est plutôt une petite remarque pour terminer cet article dont la densité n'a, je l'espère, pas eu raison de votre ténacité.
D'abord une petite note pour éclairer définitivement le lecteur sur la qualité de cet article. Ce texte a été écrit sous l'emprise de la « passion ». Ce n'est pas un article parfaitement objectif, je n'ai pas vraiment évoqué les impératifs économiques auxquels sont soumis les BP, les objectifs de locations de cerveaux d'ingénieur par les commerciaux. Certaines de leurs actions peuvent s'avérer justifiées après une vision d'ensemble du tableau. Mais s'il y a une ligne commune dans leurs comportements, c'est la tentative d'acheter le jeune diplômé au prix le plus bas possible, et de le louer au plus haut tarif possible. Autant le rapport BP/SE est équilibré car les responsables des achats chez la SE connaissent les ficelles de la négociation, autant le rapport BP/presta est biaisé, car les jeunes diplômés n'ont pas d'étalon pour savoir ce qu'ils valent réellement. Ce n'est qu'après coup, en comparant avec leurs camarades embauchés dans des entreprises classiques qu'ils se rendent compte de leur erreur, mais après avoir signé le contrat, c'est trop tard.

J'ai écrit cet article, car lorsque j'ai débuté la presta, je me suis fait avoir dans les grandes largeurs. J'ai compris petit à petit l'ampleur de la manipulation mais je n'ai pas bien supporté d'être pris pour un pigeon, surtout d'une manière aussi tortueuse. Ma candeur et mon optimisme naturel en ont pris un coup. Bon, je m'en suis remis, mais dans l'intervalle, j'ai décortiqué le fonctionnement de ces sociétés pour être en mesure de ne plus jamais me faire rouler, en tout cas par les BP ;-) En pensant aux jeunes diplômés suivants, je me suis dit qu'il serait de bon ton de partager mon ressenti et mon expérience afin que d'autres ne suivent pas le même chemin que moi, et qu'ils aient les armes pour se battre dès la première heure, dès le premier contact avec ces « marchands de viande » comme les appellent certains prestas et même certains clients...


Une dernière chose : Rien de ce que j'ai écrit n'est figé, et je suis ouvert à la discussion pour modifier et améliorer ce mode d'emploi. En particulier, je serais très heureux d'étoffer la rubrique ``anecdotes'' qui suit. Alors n'hésitez pas à me faire part (de manière publique ou privée) de vos remarques de vos impressions, de vos propositions, de vos critiques, de vos remerciements, ou de vos insultes.


4.1. Le presta qu'il était performant

Il était une fois un jeune diplômé qui sortait d'une ENSI, tout content de découvrir le monde du travail. Il se fit démarcher par une BP qui lui proposa une mission de six mois chez une SE qui fait la fierté de l'entreprenariat français.

Ce jeune homme se mit à travailler tant et si bien, que sa vie se retrouva être réduite à sa plus simple expression « métro – boulot – dodo ». Six mois plus tard, la SE, très contente de lui, renouvela son contrat avec la BP du presta motivé. Et six mois plus tard, à nouveau. Et six mois plus tard, encore une fois. Lorsque la SE compris que ce jeune homme valait de l'or, elle se dit qu'il fallait absolument le faire rentrer dans la maison, et non seulement dans la maison, mais en plus à la place de son ancien responsable. Elle lui proposa donc, et le jeune homme franchit alors toutes les étapes du système de recrutement sans aucun piston, ce qui montra une fois de plus à la SE qu'il était bien celui qu'il leur fallait. Tout allait donc pour le mieux pour le jeune homme et la SE qui décidèrent de finaliser leur union en allant quérir l'assistance du RH de la BP, afin de libérer le presta de son engagement auprès de la BP en question.

Et alors que tout le monde était prêt à célébrer cette formidable performance, la BP refusa de libérer le jeune homme, enchaîné qu'il était à cause de cette magnifique clause de non-concurrence que la SE avait signé avec la BP. Comprenant que le presta plaisait à la SE, et que la SE plaisait au presta, la BP devint verte de rage, et violette de jalousie. Elle entreprit alors de casser et d'écraser le presta pour assurer une emprise définitive sur lui. La méthode employée fut la suivante :

Volée de commerciaux
Pendant toute une semaine, alors que le presta travaillait encore et toujours chez la SE sous le joug infecte de la BP, il fut mandé au siège de la BP pour une réunion tous les matins, avant d'aller chez la SE. La réunion se passait dans une salle en verre, au rez-de-chaussée du bâtiment, pour que tous les autres prestas puissent voir ce qui devait arriver si jamais ils osaient exprimer une envie de partir chez un client. La réunion consistait en un face-à-face d'une heure environ entre le presta et plusieurs commerciaux de niveaux de hiérarchie différents. Le discours tenu, et son évolution, était le suivant, aux larges approximations de l'aspect romancé près :

« Mais écoutes, si tu décides réellement de partir, tu vas perdre une chance énorme ! Avec nous, tu as la liberté, la possibilité de passer d'un métier à un autre comme ça, d'un claquement de doigt ! Chez nous, tu montes en compétence très vite grâce à notre aspect pluridisciplinaire et nos contacts dans de nombreux domaines ! Tu ne veux pas t'enterrer chez un client chez qui tu seras bloqué et chez qui tu feras le même travail tout le temps ? Nous, nous te proposons un vrai projet de carrière, un suivi personnalisé, et une synergie avec les autres collaborateurs que le client ne pourra pas t'offrir... Maintenant, c'est à toi de voir, mais si tu veux penser carrière, il te faut rester chez nous. »

La mort de César
« Écoutes, ce que tu as fait là, c'est très moche. Un coup de poignard dans le dos pour nous. On avait établi une relation de confiance, et voilà que tu casses tout, d'un coup, sans penser une seconde aux conséquences. Nous avons toujours tout fait pour nos collaborateurs, et c'est comme ça que tu nous remercies ? En démarchant le client dans notre dos ? Ce qui est incroyable dans cette histoire, c'est que t'ai osé faire passer ton petit intérêt personnel avant l'intérêt des collaborateurs et de notre société toute entière... »

« On ne te laissera pas aller chez le client, sois-en sûr. Des gens comme toi, on en a vu beaucoup et on ne s'est jamais laissé faire. Parce que nous on sait comment ça se passe, on a un contrat signé avec le client qui spécifie que tu n'as pas le droit de travailler directement pour lui, et on va faire jouer cette clause de non-concurrence. On ira jusqu'aux prud'hommes s'il le faut et on gagnera à coup sûr. On l'a déjà fait et à chaque fois, on en est sorti gagnant. Et des anciens collaborateurs qui nous ont trahis, ils se sont retrouvé avec des dommages et intérêts énormes à rembourser, jusqu'à 100000€ ! Alors abandonnes toute démarche avec le client, ou sinon tu t'exposes à des conséquences désastreuses pour toi et ta carrière à venir. »

Suite à cette pression inique et récurrente, le presta décida d'aller voir un juriste spécialisé dans le droit du travail. Celui-ci le regonfla à bloc, en lui expliquant que c'était aux SE et à la BP de se débrouiller entre elles, et que sa clause de non-concurrence étant caduque, il n'était pas dans une situation illégale vis-à-vis de la BP, et que toute mise de pression de sa part n'était que bluff et tromperie. Ainsi, le presta, rasséréné, tint bon face aux rodomontades de la BP.

Puis il alla voir les responsables de département où il travaillait chez la SE, et leur expliqua le problème rencontré. L'information remonta plusieurs échelons, et une personne assez haut placée dans l'organisation de la SE décida de passer à l'action. Cette personne appela le directeur de la BP directement, en lui expliquant qu'il lui fallait le presta en question, et qu'il ne souffrirait pas qu'on le lui refuse... Le directeur de la BP, surpris par cet appel inattendu, relâcha une émanation en amont de son fondement. Oui, pris de vertige par le pouvoir qu'il semblait avoir sur la SE, mal lui en prit, il péta plus haut que son cul ! En effet, il refusa de céder le presta à la SE, qui était pourtant une de ses clientes favorites.

La SE, outrée par le refus de cette BP qui se croyait plus grosse que le boeuf, et qui s'étouffait, s'enorgueillissait de son semblant d'importance, se décida à lui donner une bonne leçon. Ainsi, du jour au lendemain, la SE renvoya à la maison l'intégralité des prestas de la BP, c'est-à-dire au siège de ladite BP. Une quarantaine de presta, en intercontrat, sans aucun préavis ! Le cauchemar de toutes les BP... La SE expliqua ensuite à la BP qu'elle ne reprendrait des prestas de la BP qu'à partir du moment où elle serait assurée que le presta-qu'il-est-performant ferait partie de leurs rangs. La BP, vaincue, se soumit au bon vouloir de la SE, non sans mesquinerie. En effet, elle tint à garder le presta-qu'il-est-performant pendant les trois mois de préavis de licenciement, afin de porter un maximum préjudice à la SE.

Lors de ces trois mois, le presta-qu'il-est-performant se rendit compte que sa BP avait instillé le doute dans l'esprit des ses « collaborateurs ». En effet, la direction de la BP avait répandu une autre version de l'histoire : Le presta-qu'il-est-performant aurait démarché la SE. Mais la clause de non-concurrence aurait fonctionné et le presta-qu'il-est-performant n'aurait pu se faire embaucher par la SE. L'ayant appris, la BP aurait décidé de prendre des mesures disciplinaires exemplaires et aurait décidé de licencier le presta-qu'il-est-performant. Celui-ci se retrouverait donc au chômage.

Malheureusement pour la BP, lorsque le presta-qu'il-est-performant revint à multiples reprises au siège de la BP, il rectifia les faits, et ses collègues prirent peu à peu conscience du manque total d'éthique dont faisant preuve leur employeur. Au bout de trois mois sur une mission bateau, le presta-qu'il-est-performant quitta définitivement la BP, mais son histoire demeura dans les esprits, et son départ en entraîna de nombreux autres, au grand dam de la BP.

Ainsi, puisqu'il faut une morale à une si belle histoire : « Tel est pris qui croyait prendre. ». Mais plus sérieusement, lorsque l'on est presta, le seul moyen pour ne pas se faire avoir, c'est d'être armé (connaître ses droits sur le bout des doigts) et d'être prêt à se battre.
Un petit calcul rapide, avec des hypothèses conservatrices : Quarante prestas, considérons-les jeunes diplômés, vendus environ 400€ par jour, donc rapportant environ 8000€ par mois. Sachant que ces quarante prestas sont finalement restés presque trois mois en intercontrat, cela fait un manque à gagner de près d'un million d'euros !


4.2. Le presta qu'il-était-gênant

Autre BP, autre presta, mais situation récurrente...
C'est l'histoire d'un petit presta, qui avait environ deux ans de bons et loyaux services dans sa BP. Il avait jusqu'alors enchaîné les missions sans tomber en intercontrat. Malheureusement pour la BP, toutes les bonnes choses ont une fin, et le commercial dont dépendait le presta ne put trouver de mission à temps...
Le presta se trouva donc en intercontrat.

Au début, tout allait bien, la BP lui posa d'office tous ses jours de RTT employeur, et lui recommanda chaudement de se prendre des vacances. Le presta acquiesça, car il ne tenait pas tellement à aller au siège de la BP à ne rien faire, et il préférait partir loin, en vacances, tandis que son commercial se démenait pour lui trouver sa mission suivante... Mais la mauvaise fortune ne faisait que commencer, et lorsque le presta revint, après deux semaines, nul projet ne l'attendait.

Il fut alors forcé d'aller au siège pour se tourner les pouces chaque jour de la semaine, et remarquer que son commercial ne se sentait pas tellement préoccupé par son cas, vu l'ardeur qu'il mettait à lui chercher une mission. Au bout d'un mois de ce régime, la BP lui mit suffisamment la pression pour qu'il pose les derniers RTT et jours de congés qu'il lui restait. Le presta obtempéra, non pas qu'il était particulièrement sensible à la rhétorique malhonnête de la BP, mais parce qu'il en avait marre d'aller au siège pour ne rien faire, et tant qu'à avoir une possibilité de s'en éloigner un tant soit peu, il préférait en profiter.

En revenant de ses vacances quelques peu forcées, il se trouva à nouveau dans l'expectative et malgré ses contacts répétés avec les différents commerciaux de sa BP, il ne put trouver de mission. Jusque là, on pourrait croire que le sort de notre compagnon avait complètement été laissé à l'abandon. Non pas ! En effet, le commercial revint vers lui, et à l'inverse de ce à quoi l'on pourrait s'attendre, il proposa au presta non pas une mission, mais de poser des congés sans solde. Des congés sans solde, ça, c'est de la subtilité, se dit le presta. Et il refusa.

À ce moment là, cela faisait un peu plus d'un mois qu'il n'avait plus de mission, mais il avait pris plus de deux semaines de vacances. Il ne ressentait donc pas du tout la culpabilité de coûter de l'argent à la BP pour une improductivité totale, ce qu'est finalement l'intercontrat. Mais c'était sans compter la détermination de la BP. Chaque jour, ou presque, on lui rappela, devant son air atterré, qu'il devait prendre des congés sans solde, pour le bien de la société, qui par voie de conséquence, était finalement son propre bien.

Il comprit suffisamment tôt le jeu auquel se livrait la BP. Mettre la pression, créer un sentiment de culpabilité, rien que de très naturel... Et parce qu'il le comprit, il sût comment se comporter, c'est-à-dire en toute honnêteté et transparence. Il était prêt à venir au siège tous les jours pour faire acte de présence. Il ne mangea pas son commercial, ni ne frappa son directeur, respectant ainsi ses devoirs envers la BP, ce qui le maintenait en situation régulière à l'égard de son employeur. Malgré tout, un vendredi après-midi, au bout de deux mois d'intercontrat, pendant lesquels il était pressuré de tout côté, il fut mandé en haut lieu. En effet, il avait rendez-vous avec le directeur de la BP. Celui-ci l'accueillit dans son bureau affablement, comme de bien entendu. Il lui expliqua que sa situation était très particulière, et qu'il fallait prendre une décision à son propos très bientôt. Voici une version romancée du dialogue :

Le directeur : Comme tu ne l'ignores pas, ta situation est particulière à bien des égards... Tu es un très bon élément, nous sommes très contents de toi, tu as toujours donné satisfaction au client, mais malgré tout cela, nous sommes actuellement dans l'incapacité de te trouver une mission. Comme tu le sais, pour fonctionner, notre société a besoin que chacun d'entre nous puisse apporter sa pierre à l'édifice. Si quelques-uns sont temporairement sans occupation, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour les soutenir pendant leur période de carence, et pour les aider à retrouver une mission et ainsi participer à la bonne santé de l'entreprise.
Mais aujourd'hui, nous avons un certain problème. Cela fait maintenant deux mois que tu n'arrives pas à te réinvestir ailleurs. En effet, nous t'avons proposé plusieurs missions que tu as refusé.
Le presta-qu'il-est-gênant : Oui, vous m'avez proposé plusieurs missions, mais elles ne correspondaient en rien à mon profil et ne je ne pouvais pas vraiment apporter de valeur au client dans cette situation. Cela aurait contribué de plus à vous discréditer auprès de ce client, ce que ni vous ni moi ne souhaitons.
Le directeur : En effet, les missions n'étaient pas parfaitement en cohérence avec ton profil, mais tu es un ingénieur, et ta faculté de reconversion est grande. Il faut que tu comprennes qu'en raison de certaines raisons économiques, il y a des périodes pendant lesquelles, ni toi, ni nous n'avons le choix. Et celle-ci en fait partie. Je te propose donc trois situations, à toi de choisir lequel te convient le mieux.

  • La première est que tu prennes des congés sans solde jusqu'à temps que l'on te retrouve une mission.
  • La seconde est que l'on se sépare à l'amiable, d'un commun accord, c'est-à-dire au moyen d'une rupture conventionnelle.
  • La dernière, c'est que si tu n'acceptes aucune des deux solutions précédentes, je te licencie pour faute lourde ou faute grave.

Inutile de me donner une réponse maintenant à l'emporte-pièce. Rentres chez toi, réfléchis-y ce ouikène, et fais moi part de ta résolution lundi matin.

Le presta-qu'il-est-gênant rentra donc chez lui, non sans avoir fait un tour chez le délégué du personnel, heureusement encore au siège de la BP à cette heure tardive du vendredi. Le délégué du personnel expliqua à notre ami qu'il n'avait aucune raison de s'inquiéter, ni de se soumettre à l'une ou l'autre des propositions énoncées par le directeur. La seule réponse à donner est un « non » ferme et définitif, et la seule conduite à adopter est de se plier aux règles de l'intercontrat, c'est-à-dire une disponibilité sous moins de 24h pour rencontrer un client potentiel...

Le lundi matin, le presta-qu'il-est-gênant alla voir le directeur de sa BP, mais à peine avait-il mit le pied dans son bureau, ce dernier lui lança un « Alors, t'as décidé quoi ? ». Ce à quoi le presta-qu'il-est-gênant répondit qu'il n'avait aucune intention d'accepter les différentes propositions, et qu'il attendrait qu'on lui trouve une nouvelle mission suivant les modalités du contrat établi, c'est-à-dire en étant rémunéré en intercontrat... « Bon, t'es viré ! Tu peux partir maintenant. » lui répondit le directeur, alors que le presta-qu'il-est-gênant n'avait pas encore eu le temps de s'asseoir. Le presta-qu'il-est-gênant, voyant que leurs désirs respectifs se rejoignaient enfin, ne se fit pas prier et parti aussitôt.
Il ne revint pas au siège et resta chez lui pour se prendre des vacances bien méritées, jusqu'à ce que, un mois plus tard, son commercial l'appelle et lui propose une mission correspondant à peu près à son profil. On pourrait ne pas appeler ça des vacances étant donné l'obligation de disponibilité, mais pour lui qui devait faire acte de présence au siège auparavant, ça ressemblait quand même assez à des congés. Le presta-qu'il-est-gênant fit donc son possible pour séduire le client, qui accepta en effet de le prendre. Il toucha bien sûr son salaire durant tout son intercontrat, et parti heureux et plein aux as (ou pas) vers de nouvelles aventures.

Si l'on doit retenir quelque chose de cette anecdote, c'est que dans la tête des commerciaux ou directeurs de BP, le management, ça se résume à du poker. Il faut bluffer jusqu'au bout, jusqu'à ce que le presta-qu'il-est-gênant se dégonfle devant les menaces (voilées ou non). Bon, ne généralisons pas, certains ont sûrement un sens de l'éthique qui leur interdira d'effectuer cette démarche, mais d'après les multiples témoignages de mon entourage, ils sont peu nombreux. Comme de bien entendu, lorsqu'un presta se trouve dans cette situation, il doit rester ferme et ne jamais, jamais céder au chantage (congés sans solde), mais se rappeler qu'il doit également être parfait aux yeux de la BP pour que celle-ci n'ait aucun moyen d'invoquer une quelconque faute (donc en gros, disponibilité la plus rapide possible).
Dans tous les cas, le plus simple est de voir un délégué du personnel, et de se dire que de toute façon, dans le cas d'un licenciement injustifié, il sera possible d'aller aux prud'hommes et de récupérer un confortable jackpot. Au bout d'une année peut-être, mais un jackpot quand même (qui n'est que le juste dédommagement du préjudice subi) ... Par ailleurs, lorsqu'on est licencié, même pour faute, les droits auprès des assedic sont conservés, donc il ne faut pas se mettre soi-même la pression.
Robert, le pote de Jacques,
préfère le rouge à la pression

10 commentaires:

  1. Bonjour. Je travaille depuis 13 ans chez un même client et, là, ma BP me dit que le client vire les plus anciens prestas (car pas plus de 2 ans en gros chez le même client). Donc je termine ce 30 octobre 2013 et je sais que ma BP, qui n'a pas perdu le contrat, va mettre à ma place un nouveau payé au SMIC. Ma BP insiste pour que je fasse un travail de hotline (répondre au tél. : rien à voir avec mon job d'agent d'exploit.). Mais tout n'est que verbal pour l'instant. Que puis-je faire ? MERCI pour vos réponses.

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    1. Bonjour,

      Ce qui me saute aux yeux, c'est que vous avez 13 ans d'expérience chez ce client en particulier, vous représentez donc une somme importante de compétences spécifiques à cette société. Il ne me paraîtrait pas absurde de tenter de décrocher un CDI directement chez le client, votre salaire lui coûtant sans doute moins cher que le nouveau venu "loué" par la BP, et votre expérience étant particulièrement valorisable.

      Si cette solution vous semble non souhaitable, je vous propose de négocier avec votre BP une période d'intercontrat chez vous (ce qui vous donnera le temps de chercher un autre emploi si vous le désirez), à moins de vous proposer une activité en rapport avec votre profil professionnel. Concernant le levier de négociation, je vous propose de vous inspirer de la constatation suivante :
      Sachant que le taux d'occupation des prestataires au sein d'une BP tourne autour de 90%, et que votre prix de vente auprès du client tient compte de ce taux d'occupation, votre BP a déjà économisé grâce à vous 10% de 13 ans de salaire. Ce serait donc un minimum de leur part de vous accorder une période intercontrat "à la maison", s'ils sont dans l'incapacité de vous proposer une mission correspondant à vos qualifications.

      Je vous souhaite bon courage, et n'hésitez pas à me contacter par courriel si besoin est.

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  2. Simplement, merci pour cette article qui m'a bien instruit. :)

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  3. Rien à dire: chapeau! Cet article résume largement le milieu de la prestation de service!

    PS: Je suis bluffé par votre analyse en page d’accueil ;)

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  4. Ce billet est juste le descriptif de l'avenir de la jeunesse diplômée en France. L'interim.
    Cependant je ne vois qu'un scénario dans ce descriptif. Celui ou le "client" est une Société Empapaoutée. Mais aujourd'hui les grands donneurs d'ordre de l'industrie s’accommodent très bien du délit de marchandage, même si ça leur coûte plus cher! Comprenez bien qu'ils apprécient ce système exploiteur parce que ca leur permet d'une part de garder la possibilité de jeter l'employé dehors sans difficulté même après 15ans de service mais d'autre part d'augmenter artificiellement l’efficacité comptabilisée pour les vrais employés! Ba oui, les prestas sont des pots de fleurs, en dehors des collègues du service, personnes ne sait qu'ils sont là...Et certainement pas les ressources inhumaines. Enfin, pour les pme, plus y a de presta, moins y a d'employé direct. Pas plus de 50 salariés? pas de syndicat. Les grandes boites clientes utilisant les prestas ont même des accords tacites avec les BP de non-reprise d'un presta qui aurait quitté sa BP pour une autre BP, sous-traitante aussi pour le dit client. Pourquoi?? m'enfin?! tout moyen empêchant un salarié, qu'il soit celui du client ou celui de la BP, de faire augmenter son salaire est bon. L’empêcher d'être repris au même poste, au motif qu'il a changé de BP en est un.

    Également; cet article ne parle pas des cas où le responsable chez le client, qui a évidemment tout pouvoir sur le presta avec ce système, harcèle le/la presta, lui donne des ordres contradictoires ou encore le menace...

    La chose la plus étonnante dans tout ça, c'est que tout le monde connait ce système (mis à part les ptits jeunes diplômés ) et tout le monde ferme sa g...Aucun politique (de tout bord), aucun syndicat (niveau national) ne parle de ce système qui pourtant touche des millions de gens et ruine ce qui subsiste encore des capacités industrielles françaises.

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  5. Bonjour Petit Presta,
    Merci pour votre article ainsi que votre blog, qui sont arrivés juste à temps pour moi, sur le point de me faire embaucher par une (en fait, une parmi trois,je dois choisir, j'ai été démarchée par trois boîtes) boîte d'ingénierie conseil, qui ne s'appelle par boîte de presta mais c'est tout comme...
    La proposition d'un salaire ridicule dans l'une d'elles avec tout plein d'arguments tous plus bidons les uns que les autres de la part du "manager" (en effet, c'est bien pompeux) pour le justifier, et que j'ai démontés les uns après les autres m'a mis la puce à l'oreille. Plus le fait qu'ils m'ont proposé de signer dès le deuxième entretien (j'ai refusé et demandé une semaine de rélfexion), sans avoir d'informations précises sur des missions que je pourrais faire. Et cette fameuse clause de mobilité : merci le déménagement potentiel à pétaouchnok, "vous êtes jeune et célibataire, vous n'allez quand même pas demander à travailler dans un endroit précis !" Ce qui me gêne le plus avec ça, c'est de signer avant de savoir où l'on va aller la première fois. Et puis l'impression de se faire rouler, et qu'eux vont se faire du beurre sur notre dos, que les missions pas forcément passionnantes (devenir spécialiste en MS Project, wahou passionnant !), ne vont pas forcément me faire gagner des connaissances et compétences. Etre un pion parmi des miliers sur un gros projet... La dernière chose, c'est d'être seule de ma société paumée au milieu des employés de la SE.
    Bref, là j'ai dépeint le tableau de la boîte qui m'a paru la plus foireuse. Les deux autres me semblent plus sérieuses (processus plus long, se sont beaucoup intéressées à qui je suis, ce qui m'intéresse, ce que je voudrais faire dans l'idéal...), alors j'hésitais malgré tout un peu avant de me retirer totalement et de continuer (ou commencer vraiment) ma recherche. Il est vrai que c'est confortable de n'avoir pas à s'embêter à trouver soi-même quelque chose, mais que l'on vienne nous chercher !
    Petit détail : je suis ingé en génie civil d'une école groupe B je pense aussi (post prépa mais pas les plus grandes écoles).
    Pensez-vous que j'aie intérêt à laisser tomber cette piste des boîtes de conseil et à frapper à la porte des grandes (ou moyennes) boîtes de TP ? Elles sont certes moins "à taille humaine", mais ça semble plus sûr.
    Autre question : si je vous donne les noms des trois boîtes en question, aurez-vous un avis dessus ?
    Que penser des récompenses reçues par ces entreprises, notamment "great place to work" ?

    D'avance merci pour votre réponse, et même sans réponse merci pour ces précieux éléments !!

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  6. Pardon pour l'apparence indigeste de mon message...

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  7. Bonjour,
    Je suis dans une boîte Presta depuis un an et demi. Ma mission chez le client se termine à la fin du mois et j'avoue que le contrat de Presta Est une aventure que je souhaiterais arrêter.
    Ma boîte presta me propose donc une rupture conventionnelle, ce qui m'arrange. Et c'est là que les problèmes commencent : il me propose de poser tous mes congés y compris quatre jours en sans solde Afin que je ne leur coûte pas trop cher... lol et surtout pour rentabiliser l'indemnité qu'ils devront me verser.
    Selon vous est-ce que je dispose d'une certaine marge de manœuvre ?

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    1. Surtout refuser toute forme forcing/chantage etc. Ils devront te verser les CP restants en bonne et due forme, pose les RTT à la limite (car non remboursables), essaye de négo le paiement des 3mois de préavis direct, sinon fais les 3mois de roulage de pouce dans leur bureau, s'ils te bloquent le badge, le pc ou quoi que ce soit avant la fin du préavis, c'est jackpot pour toi (car délit de la part de ta BP, direct prudhomme avec les preuves datées).

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  8. Bonjour,
    J'aurais besoin d'un conseil, en effet j'ai rejoint une boite de presta il y a de ça 5 mois et je suis toujours en période d'essai et ma mission se finit dans 2 semaines. Or j'ai eu une proposition d'embauche ailleurs pour un poste qui m'intéresse beaucoup plus. Du coups je souhaite envoyer ma lettre de démission et partir en fin de semaine. Pensez-vous que c'est jouable légalement? Car j'ai, d'après la loi, que 2 jours de préavis.

    Cordialement,

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